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RoMa

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11 décembre 2007

Confortable, le lit de Brune

           « Confortable, le lit de Brune » car l’accès Internet de ma chambre étant pour l’heure occupé par Ralph, je me dois de vous écrire, assis sur la couche de notre cousine, de votre fille, de votre nièce, de ta filleule, de ta petite-fille, de votre amie, de notre concitoyenne… 

Brune, Pierre et moi nous étions donc séparés le temps d’une demi-journée afin d’explorer nos facs communes. Avec mon stéphanois de frère aîné, nous nous rendrions donc ce matin-là à l’université Roma 01, dite « La Sapienza ».

« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir » (Léonard de Vinci), m’avait répété dès l’enfance mon cher Papa. J’avais donc planifié au millimètre et à la seconde mon arrivée à la fac’, en m’armant d’un plan Mappy centré sur l’adresse du bureau Erasmus (fier). Je l’avais même mis dans une pochette rouge (fier), au cas où j'arriverais dans un univers aussi maoïste que celui de Paris-X Nanterre. Tout cela afin de gagner le temps précieux qui me permettrait plus tard de faire mes comptes (fier) (fier) et de trier mes tickets de caisse. (je dissimulais d’ailleurs en mon for intérieur le secret espoir d’avoir éventuellement le temps de les classer à l’aide de petites gommettes de couleur) (passion de famille) (si ce post ne me fait pas marquer 3000 points paternels deux semaines avant Noël, je me demande vraiment comment je pourrai obtenir ma panoplie de Zorro…).

Et là, ce fut le drame. Papa, évite de lire la prochaine phrase. En quelques instants s’évanouirent tous mes espoirs de passage éclair au local Erasmus, de retour rapide à l'auberge et, pire, de classification colorée. L’adresse du bureau Erasmus (« Piazzale Aldo Moro, 5 ») se révéla être simplement celle de l’entrée du campus de l’université. « Rien de très grave », me direz-vous, «vous étiez sur la bonne voie : le bureau susdit ne devait pas être très loin ». Et vous auriez raison, bande de petits pédants, de me dédire en susdissant si nous ne nous étions pas trouvés à la Sapienza. Seulement voilà, peut-être avez-vous besoin d'une synthétique description de cette charmante institution : avec 150 000 étudiants et des bâtiments à tous les carrefours de Rome, c’est la seconde plus grande université du monde en terme d’effectifs (pas en termes de moyen, rassurez Harvard et Yale). Pierre, mes gommettes et moi-même n’étions donc pour ainsi dire pas rendus. Un agent de sécurité du bâtiment d’urologie se montra néanmoins bien urbain en nous indiquant l’emplacement de ma faculté. 

Nous déambulâmes donc dans sa direction, entre les édifices mussoliniens et les panneaux d’affichage croulant sous les annonces de colocations. Nous en recueillîmes une multitude, avant de franchir l’entrée de la faculté de « Lettres et Philosophie » (oui, c’est là qu’on trouve le département d’histoire). 

Petite digression sur les annonces de colocation à Rome. Brune y a déjà fait allusion : 97% d’entre elles s’adressent aux filles (rendons grâce aux trois pourcents restant qui m’ont évité la douloureuse perspective d’un changement de sexe). On peut donc voir fréquemment sur les sites de colocation ce genre d’annonces : « Homme de 47 ans recherche colocataire. Annonce réservée aux étudiantes entre 19 et 23 ans ». Nous avons ainsi croisé à La Sapienza deux individus d’une vingt-troisaine d’années, dont l’attitude générale, proche de l’ébriété, révélait avec une certaine clarté leur vie dissolue. Ils agrafaient un peu partout cette affiche : « Recherchons étudiante pour colocation dans une chambre double ». La povera… 

Si, de l’extérieur, « La Sapienza » m’impressionna quelque peu avec ses édifices monumentaux, ses fontaines, ses palmiers et ses plates-bandes presque britanniques, la désolante austérité (euphémisme) de l’intérieur me rappela le familier dépouillement (euphémisme) de Paris-X. Finalement, comme à Nanterre et comme en Chine, seule compte une belle façade. Et comme à Nanterre et comme en Chine, elle se doit d’être recouverte d’affiches communistes (peut-être même plus à Nanterre d’ailleurs que dans toute la Chine, j’attends la réponse de Pierre qui a visité les deux). Mon frère aîné et moi-même nous sentions donc comme deux poissons dans l’eau, repartant, malgré notre condition de poisson, à la pêche aux informations (hu hu hu).

Quel esprit éclairé que celui de mon grand-frère! (je ne désespère pas que la panoplie de Zorro vienne finalement de lui, depuis l'histoire des tickets de caisse non triés) Ayant lui-même fait l’expérience d’Erasmus, qui plus est dans une fac’ italienne, il me prodigua ce sage conseil : « Petit frère chéri, cherche les poubelles de la fac’, tu trouveras derrière celles-ci le local Erasmus, je t’attendrai ici patiemment et allez l’OL » (on reconnaît bien là sa manière de s’exprimer, toute en douceur, en patience et en ferveur olympienne). Il ne se trompait guère : l’itinéraire vers le local ne passait pas par l’entrée principale de l’édifice, entourée d’un cadre bucolique de fleurs, de pins et d’autres réjouissances végétales, mais bien par l’autre côté du bâtiment, à travers l’obscur parking et la pestilence des poubelles.

Le bureau était fermé. 

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4 décembre 2007

Do you speak english ?...

Il faut me comprendre ! Je ne me voyais pas quitter notre auberge de jeunesse pour un appartement moins bien situé et, comble de l’absurde, plus sale. Ok, on savait exactement à quelle heure passait la femme de ménage et guettions le moment où elle sortirait de la salle de bain pour la prendre d’assaut et être sûr que personne n’aurait posé ses pieds sur le carrelage tout propre avant nous. Mais il faut dire ce qui est : c’était de loin l’auberge la plus clean que j’ai essayée. Je ne dis pas que je n’avais pas hâte de la quitter et de m’installer dans un vrai chez-nous mais je pensais que nous pouvions trouver mieux…

A croire que c’était faux, car le lendemain nous n’avions aucune nouvelle visite de programmée et tous les sites de recherches restaient sourds à nos supplications. Allait-on devoir se séparer ? Trouver un appart’ à deux c’est déjà assez difficile mais trouver un appart’ à deux qui accepte les garçons, ça relève presque de l’impossible. Heureusement, nos prières ont fini par être entendues et nous avons été exaucés, non pas sous la forme d’un appartement, comme vous auriez pu l’imaginer, mais sous celle d’un coup de téléphone. Pierre, le grand frère de Titou, mon cousin (étant donné que les 9/10e des gens lisant ce blog sont de la famille  et que le dernier dixième est composé de gens égarés sur le net, je ne sais même pas pourquoi j’ai besoin de le préciser) nous proposait de venir nous donner un coup de mains dans nos recherches. Qu’il en soit béni ! Il faut l’avouer, trouver un logement lorsqu’on ne parle pas un mot de la langue était un défi un peu périlleux. Périlleux, certes, mais relevable, puisque nous ne connaissons aucun Erasmus encore aujourd'hui au camping.

En attendant son arrivée, nous décidons de partir visiter un peu notre nouvelle ville. Jusque là, nos tentatives d’exploration étaient restées très timides et nous ne nous étions pas aventurés beaucoup plus loin que la gare de Termini, ce qui, je vous l’accorde, n’est guère exotique. A croire que la vision du Colisée a réveillé nos âmes d’aventuriers car dans la même journée nous visitions la basilique de San Pietro, le quartier de Trastevere, une partie du centre historique et l’école d’Harry Potter. Nous tombons en arrêt devant une petite rue adorable (dont je tairais le nom, eu égard à Christophe…) et poursuivons notre grand tour en continuant à jouer de l’appareil photo. Après une longue journée de marche, nous rentrons à l’auberge. Demain matin Pierre arrive…

8h, nous le retrouvons à la gare et décidons de prendre notre premier petit-déjeuner italien. Au menu, cappuccini  et croissants. En effet, il y a une erreur… Le cappuccino, comme toujours en Italie, était délicieux. Mais soyez prévenus, les viennoiseries italiennes n’ont absolument rien à voir avec les françaises. Amateurs de crèmes et autres pates servant à fourrer les gâteaux, vous serez comblés. Les autres, croyez-en mon expérience et abstenez-vous. Après cette pause, nous décidons de nous séparer. Chacun à sa fac avec deux missions : la première : découvrir les environs et pourquoi pas réussir à s’inscrire ; la deuxième : trouver des annonces d’appartements et les recopier. Me voilà donc pour la première fois depuis mon arrivée, livrée à moi-même dans cette nouvelle ville…

Après une rapide visite à la fac d’architecture de Roma Tre (ma fac), je comprends deux choses : d’une part le cadre est vraiment très joli et je devrais beaucoup m’y plaire et d’autre part il ne sert strictement à rien de rester plus longtemps car il est évident qu’il n’y a personne en août et qu’elle n’ouvrira pas pour moi. Je décide donc de me mettre à la recherche du siège de Roma Tre, Via Ostiense. Je reprends le métro B (oui je sais, on utilise tout le temps le métro B mais étant donné qu’il n’y a que deux lignes de métro à Rome, les chances pour que l’on doive un jour utiliser le métro H sont plutôt limitées) et me retrouve devant la basilique San Paolo. Si j’avais su à cet instant… Je continue à pied et fini par apercevoir un troupeau d’étudiants agglutinés devant une porte. Ca y est, des vrais Romains ! A les entendre tous parler si fort, j’ai l’impression d’avoir débarqué sur une autre planète. Je ne comprends rien (littéralement) de ce qui se passe autour de moi. Je continue mon chemin et arrive devant un bureau d’informations. Parleront-ils anglais ? Je prépare une phrase dans ma tête, puis deux et trois… La file est longue, mais personne n’a l’air d’y prêter attention. Tout le monde continue de parler, ou plutôt devrais-je dire de hurler. Mon tour arrive. J’ai oublié mes belles phrases toutes prêtes. La dame s’impatiente. « Erasmus… do you speak english ? ». Honte sur moi, même pas une simple phrase ! Elle n’a pas l’air de trouver ça drôle et me répond que non. Je prends mon courage à deux mains et arrive à lui faire comprendre, tant bien que mal, que je voudrais savoir où je dois aller pour finaliser mon inscription. Finalement j’ai dû me tromper car elle me tend une feuille d’inscription en me disant que pour cette année c’est trop tard mais que je pouvais toujours la garder pour l’an prochain… Mon air déprimé a dû l’apitoyer un peu car elle se met à crier des paroles, une fois de plus incompréhensibles, vers un homme qui finit par venir et me lance de son accent italien « wats problem ? ». Soulagée, je lui explique que je cherche le bureau qui s’occupe des Erasmus de Roma Tre. Il dit deux mots à la dame restée là et s’en va. Elle me tend un papier sur lequel se trouve une adresse et me dit au revoir. En sortant, je tombe sur un tableau remplis de petites annonces que je recopie vite fait sans trop y croire compte tenu de la vieillesse de bon nombre d’entres elles. Encore une fois, si j’avais su…

En sortant de l’université je rencontre un étudiant distribuant des tracts pour je ne sais quoi qui vient vers moi. Etait-ce marqué sur mon front ? Sans doute car dans un anglais parfait il me demande si je suis Erasmus et perdue ! Je réponds que oui et non, qu’on vient de me donner cette adresse qui semble-t-il devrait être un peu plus loin dans la même rue. Il me raconte que l’Université de Roma Tre est très grande mais éclatée un peu partout dans la ville. Puis, se retournant, il fait signe à un petit garçon d’une dizaine d’années maximum, perché sur son vélo, de venir le rejoindre. Après avoir échangé trois mots en italien avec lui il m’explique que je n’ai qu’à le suivre et qu’il va me conduire jusqu’à mon adresse. Je remercie et m’en vais, accompagnée de mon nouveau petit guide. Le problème quand on à dix ans, c’est qu’on ne comprend pas encore bien que d’autres, surtout plus vieux, ne puissent pas comprendre tout ce que l’on dit. Je pense qu’il a quand même finit par s’en rendre compte, car au bout d’un long monologue il m’a demandé si ça allait…  Par miracle, nous sommes arrivés à l’adresse indiquée sur le papier et après l’avoir remercié, je lui ai rendu sa liberté.

Le bureau était fermé.

3 décembre 2007

"Pendant la sieste, seuls se promènent les chiens et les Français (en pull)" (proverbe romain)

Allonger le pas, donc. L'auberge de jeunesse était aussi propre que les orteils dépassant des tongs de son agent de sécurité étaient sales. Nous eûmes même l'heureuse surprise de découvrir que notre chambre était climatisée, ce que nous n'avions pas même osé espérer. A peine le temps de déposer nos bagages, de ne pas se changer et de ne pas prendre de douche que, déjà, nous repartions. Les premiers contacts avec Rome se poursuivirent à travers la ligne B de son métro. Premier choc pour les Parisiens que nous étions : la plèbe romaine ne dispose que de deux lignes. Second choc : le métro arrive par la droite (si on aurait su on aurait allé à Londres). Troisième choc : les musiciens du métro, ici, jouent bien, et plus longtemps que 27 secondes. Le quatrième choc fut pour les Romains, de voir débarquer dans leur rame la prochaine collection automne - hiver de prêt-à-porter parisien. Il faut souligner qu'il faisait 11 degrés lors du décollage à Paris, et près de 40 à l'atterrissage. Dans ce total dépaysement, notre sens de l’orientation souterrain reprenait le dessus (on allait quand même pas se pommer sur un plan à deux lignes… petits joueurs les Romains)  et nous arrivions, en temps et en heure, à l’adresse du rendez-vous.

La longueur du trajet (près de cinquante minutes), avait déjà commencé à nous mettre sur la voie du refus, concernant cette annonce de colocation. Puis vînt le moment d’appeler Vittoria, qui devait nous faire visiter l’appartement, afin qu’elle descende nous ouvrir la porte. Appeler quelqu’un... En italien… Cette seule pensée suffit à nous faire transpirer encore plus. Jusqu’ici, en effet, les contacts avec les propriétaires s’étaient faits via Internet ou via quelques frères parlant l’italien (Thierry et Pierre pour les citer, qu’ils en soient remerciés). Nous ne disposions en outre, avec Brune, que d’un stock de 7 mots de vocabulaire dans cette langue, une bonne moitié de ce lexique étant exclusivement culinaire (je pense notamment à « pizza » et « ravioli »). Imaginez juste deux Italiens passant un coup de téléphone  à Paris pour une colocation avec pour seule connaissance du français des mots tels que : « bonjour », « merci », « au revoir », « filet mignon » et « baguette ». Lassé des « pierre, papier, ciseau » de la matinée, je saisissais mon courage à deux mains et mon téléphone d’une autre main. L’idée amusante d’avoir trois mains distrayait mon esprit et je composais nonchalamment le numéro de notre peut-être future colocataire. S’en suivit une succincte conversation qui, en français, ressemblerait à cela :

« Bonjour. Vittoria?

-         Oui ?

-         Je, euh, suis, euh, Christophe et Brune.

-         Ah. Salut. Scrmbgnablagribaldo.

-         Tu parles anglais ?

-         Un peu.

-         Nous sommes en bas de l’immeuble.

-         Ok, sonnez au numéro 8.

-         Ok. Merci. Filet mignon. »

Ndlr : « Scrmbgnablagribaldo » (pasqu’en fait, j’ai rien compris à ce moment-là de la conversation).

Les pièces communes de l’appartement, ou quatre personnes devraient vivre pendant l’année, nous semblèrent plutôt vétustes, mais l’état plutôt bon des chambres, dont l’une d’elle avait une mezzanine, nous fit un peu tergiverser (moi un peu plus que Brune, il faut le reconnaître, mais l’idée de trouver un appart’ en aussi peu de temps me plaisait). Vittoria, la fille des proprios, se révéla l’élément déclencheur de notre refus. Sa nationalité russe, au pays de la mafia, la plaçait au centre d’un faisceau de soupçons trop fort pour ne pas aboutir à quelque culpabilité. Plus sérieusement, c’est l’éloignement de ce logement vis-à-vis du centre de Rome qui nous poussa à chercher autre chose.

         Nous passerions encore quelques nuits à l’auberge de jeunesse.

PS : La nouvelle est tombée hier. Mamma mia... dans la même poule que l'Italie à l'Euro 2008... Voilà qui augure d'un mois de juin calme et sans passions, ici à Rome... J'aimerais, un jour, suivre un France - Italie de l'Hexagone, ne serait-ce que pour chanter la Marseillaise sans devoir esquiver des projectiles.

2 décembre 2007

En terrain ennemi.

Ohlala ! Titou et sa chronologie ! Tant pis, je m’abstiendrai de vous raconter, comme je l’avais prévu au départ, nos premières soirées italiennes et comment une certaine « M » s’est retrouvée les fesses dans la Fontana di Trevi alors qu’elle n’avait pas encore 22 ans, pour reprendre où mon gentil cousin vous a laissé, c'est-à-dire à l’aéroport de Ciampino de Rome.

Comme vous l’avez compris, nous nous étions levé à 4h du matin, très exactement 6 minutes avant que mon parrain ne passent nous chercher et n’avions donc dans le ventre qu’une sorte de café (qu’aucun Italien n’oserait appeler ainsi sans rougir de honte) que nous avions pris à l’aéroport. En sommes, nous étions épuisés et affamés (ça fait assez enfants martyrs, je sais, mais c’est pour rester dans le style du dernier post). Malheureux comme nous l’étions, il a encore fallu nous apercevoir que, août à Rome oblige, il faisait TRES chaud. Après avoir retiré les cols roulés et les moufles, nécessaires à la survie durant un « août parisien », nous avons retrouvé nos deux valises contenant toute notre future année d’Erasmus et nous sommes dirigés vers l’ « uscita » (« sortie » pour les non-initiés) où, miracle, notre chauffeur nous attendait. Tout est dans les relations… (Merci Claire !) Premier rapide tour de « Rome by car » pour nous remettre de notre matinée difficile. La ville est superbe et nous restons scotchés aux vitres pour ne pas manquer une miette de ce fabuleux paysage. C’était aussi à cause de la conduite de notre chauffeur : autant ça allait dans l’avion, autant dans sa Toyota...

Arrivée à Termini, la gare centrale de Rome. Notre auberge est tout près. On remercie longuement Michele pour le voyage et nous lançons à la conquête de Rome… Enfin dans un premier temps de l’auberge. Pour une fois l’annonce disait vraie, elle se trouve bien « vicinissima » de la gare. Une fois arrivée là-bas, on ne rêve plus que de deux choses : poser les valises qui pèsent trois tonnes et se changer rapido presto car nous commençons réellement à ne plus pouvoir supporter les jeans qui collent. Mais la première complication ne se fait pas attendre. L’annonce disait que l’auberge se trouvait au 3e étage d’un immeuble typiquement romain, avec sa petite cour centrale et le linge de tous les voisins séchant aux balcons. Tout était là mais une fois les trois étages grimpés, une affichette nous prévient gentiment que la réception se trouve au rez-de-chaussée, sur la même rue mais trois numéros plus loin ! Je laisse mon passeport à Christophe pour qu’il puisse se charger de tout ça pendant que je garde les sacs qu’il était hors de question que nous redescendions et remontions plus tard. En effet, si nous étions partis le cœur léger, nos sacs, eux, étaient bien chargés. Dix minutes après, Christophe revient me prévenir que le monsieur de l’accueil ne nous donnera pas de clefs avant de m’avoir vue. Pas le choix, nous redescendons avec les valises, je signe mon papier et souris au monsieur mais… le ménage est en train d’être fait, nous devons attendre une demi heure ! Voyant nos mines dépitées, il nous montre du bout du doigt un canapé en cuir marron en nous faisant signe que nous pouvons attendre là. Pas de clim, pas d’air, coincés sur ce canapé en cuir-vinyle qui colle au fond d’un petit salon étouffant… Nos rêves de fraicheur s’évanouissent peu à peu. Christophe laisse tomber bien loin son porte-monnaie qui y serait resté sans l’aimable remarque d’une Australienne : à ce moment précis, on en est certain, on ne  finira pas le mois sans avoir aidé à notre manière l’industrie des pickpockets. Enfin, après 4673 parties de « pierre papier ciseau », notre cerbère refait attention à nous et nous tend une clef. Il faut que l’on allonge le pas si l’on veut être à l’heure pour notre première visite d’appartement…

2 décembre 2007

Un peu de chronologie

Après près d’un trimestre d’allers et venues aléatoires au département d’histoire de l’université de La Sapienza, mes instincts d’historien reprennent le dessus. En tout cas sur ce blog. Et me poussent à reprendre cette fastidieuse entreprise autobiographique d’une manière chronologique, en commençant par le commencement. Notamment pour ceux qui ne savent encore presque rien de notre vie romaine.

Aujourd’hui : le vol Paris - Rome.

Aux origines était un vol Easy Jet décollant honteusement tôt de Paris le samedi 25 août 2007. Un peu avant les origines était né mon Papa, qui, avec sa gentillesse et sa Fiat Croma (interdit de rire), nous accompagna jusqu’à l’aéroport. Epargnons nous le récit de la déchirante séparation, des larmes et des cris qui animèrent le Terminal Sud de Paris Orly. Bon, par « déchirante séparation », entendez un gros bisou réciproque sur les joues paternelles, par « larmes et cris », comprenez bâillements et étirements, et par « animations à Orly », entendez file d’attente avant l’enregistrement ponctuée de chutes de bagages. Mais pourquoi mon Papa n’avait-il pas les yeux tout mouillés à l’idée de voir partir son fils et sa filleule vers un monde si hostile ? Ne lui jetez pas la pierre, voyez-y plutôt l’habitude : entre un fils aîné voué à l’expatriation et un autre entreprenant un tour du monde alors qu’il a le sens de l’orientation d’une taupe saoûle, mon cher Papa est plutôt rompu à ce genre d’obligations. M’enfin si vous voulez tout de même jeter une pierre, visez plutôt la Fiat Croma. Le vol se déroula calmement, moi lisant le plus discrètement possible les quiz de Elle et de Cosmopolitan, Brune faisant de même mais assumant, de par son sexe, ces lectures. L’atterrissage fut splendide : la vue spectaculaire offerte par le hublot sur la ville éternelle me fit même oublier un instant l’impression – incontournable à chaque fois que je prends l’avion – « qu’on est beaucoup trop bas, que je ne vois aucune piste et qu’on va tous mourir ».

Nous récupérions lestement nos bagages, je surmontais, une fois n’est pas coutume, ma toilettepublicophobie et nous passions la douane, les yeux fatigués mais le cœur emballé. Rome nous attendait.

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1 décembre 2007

Etudier l'architecture en Erasmus à Rome…

Mon réveil sonne mais mes yeux refusent tout bonnement de s’ouvrir. Mon éducation Letellienne me hurle de me lever aussitôt (de courir sous la douche, d’avaler mon petit déjeuner et tout ça dans un temps record pour arriver avec cinq minutes d’avance en cours et avoir le temps de sortir mes affaires avant qu’il ne commence) mais mon cerveau, reformaté après quatre mois de vie à Rome, reprend le dessus. A quoi bon ? Je commence à ouvrir un œil alors que la sonnerie retentie pour la cinquième fois et tend une oreille… Quelqu’un dans la salle de bain ? Oui, pas la peine de se lever tout de suite je me rendors pour cinq minutes…ou dix.

Non, je ne suis pas devenue flemmarde. J’ai juste appris à suivre le rythme romain… (Bon ok ça revient au même, je suis devenue flemmarde !) Mon emploi du temps indique un cours de « restauro archeologico » commençant à 8h30. Première grosse divergence avec mes habitudes parisiennes, les emplois du temps ne fonctionnent pas de la même manière. Il faut le savoir. L’heure inscrite n’est pas celle du début du cours mais une indication quant à une heure, potentielle, à laquelle on pourrait sortir de son lit et commencer à penser à aller en cours. Imaginer qu’un cours puisse commencer alors que les cafés commencent à peine à ouvrir est totalement déraisonnable.

D’autres avantages, en plus de celui de commencer à travailler tard, viennent s’ajouter à la vie de tous les jours, lorsqu’on bénéficie du statut d’Erasmus. La phrase « Sono Erasmus » (dont la traduction littérale serait "Je suis Erasme", soit dit en passant) peut sauver n’importe qu’elle situation universitaire. Les profs sont sympas car pensent qu’on ne comprend rien et les étudiants admiratifs (surtout lorsqu’on peut dire que l’on vient « di Parigi », cf. dernier post de Titou) sont toujours prêt à nous donner un coup de main. De plus, être Erasmus signifie « entrées gratuites » dans de nombreuses soirées et dans la plupart des musées. Que demander de plus ?

Après quatre mois, j’ai réussi à cerner plus ou moins la manière de travailler des étudiants en architecture romains. Je vous fais donc partager une journée « type » de projet….

LET’S PROJECT …

8h30 : heure inscrite sur l’emploi du temps, on commence à ouvrir un œil…

9h00 : on se traine dans la cuisine ou le petit déjeuner nous attend (attention aux clichés, l’étudiant romain, même de 38 ans, vit encore chez ses parents, certes, mais c’est par gentillesse et attention pour sa mère qui a du mal à accepter la séparation.)

9h30 à 10h30 : douche et brushing (il est inimaginable d’arriver en cours mal coiffé) 

11h à 11h20 : café au bar avec ses potes

11h20 à 12h : pause clopes

12h : allumage du pc et d’Autocad

12h à 12h30 : débat plus ou moins sur le thème du projet ponctué de pauses clopes

12h30 à 13h : débat sur l’endroit où on va déjeuner ponctué de pauses clopes

13h à 14h : pause déjeuné

14h à 14h30 : pause café

14h30 à 15h : pause clopes

15h : reprise du « travail »

15h à 19h : travail ponctué de pauses clopes et de grands débats

19h à 19h30 : achat des pizzas et du vin et retours à l’école avec le pique-nique

19h30 à 22h : dégustation dans la salle de projet

22h à 23h : rangement des pc ponctué de pauses clopes

23h à 01h : dernier verre avant la séparation ponctué de pauses clopes

Tout ça, en marchant "à la romaine". En France, on appellerait ça déambuler lentement, à la limite de la stagnation.

Vous pensez que le retour sera dur ? Ici, ce n’est pas encore d’actualité…

1 décembre 2007

Un stéréotype n'est pas qu'un mec avec un walkman.

Petite mise au point sur les clichés Italiens :

-    non, l’Italien moyen ne se préoccupe pas continuellement de son apparence : il a un coiffeur, un manucure, un pédicure, un maquilleur, un barbier, un styliste et un coach sportif pour le faire à sa place.

-     non, l’Italien moyen n’est pas fainéant : mais les fleuristes romains préfèrent engager des Pakistanais pour garder leurs fleurs la nuit afin de ne pas avoir, le soir, à ranger les pots présentés la journée sur le trottoir... s’il est donc quasiment impossible de trouver une épicerie ouverte après 21h pour votre dîner, vous pourrez toujours acheter un bouquet à 3h du mat’. Certes vous aurez faim, mais votre intérieur sera comme vous : soigné et présentable (cf. premier cliché).

-     non, l’Italien moyen ne parle pas avec les mains : enfin, il ne parle pas qu’avec les mains. Les bras, les jambes, le bébé tenu à bout de bras, le chien ou le papi qu’on sort le soir sont également parfois mis à contribution.

-     non, l’Italien moyen ne conduit pas mal : mais les romains ne comprennent pas pourquoi la municipalité laisse les illuminations de Noël toute l’année. Y en a tous les carrefours, en plus…

-     non, les Italiens n’ont pas de tics de langage quand ils sont surpris ou étonnés. Mamma mia qu’est-ce qu’il faut pas entendre...

-     non, les Italiens ne mangent pas exclusivement des pâtes. Ils mangent aussi la Bolognese, la Carbonara ou l’Amatriciana qui les accompagnent. Et non, ils n’en mangent pas à tous les repas. Ils en mangent aussi entre les repas.

Petite mise au point sur les clichés français :

-    oui, le Français dit toujours oh la la. En tout cas Brune et moi le disons tout le temps et nous n’en avons pris conscience qu’ici, à Rome, où ça fait rire tout le monde.

-     oui, le Français râle. Beaucoup. Exclusivement en français. Surtout parmi les touristes.

-     oui, Paris a du charme. En tout cas ‘faut voir la tête de pleins de romains quand on dit que l’on vient de Paris. Le mot correct serait « pâmer ». Non seulement pasque c’est la première fois de ma vie que j’écris « pâmer » et que c’est la classe, mais aussi pasqu’ils se pâment, littéralement. Du coup j’ai pas trop envie de tenter le « Euj’viens de Cht’omère » (pour les profanes : « Je viens de Saint-Omer ». Et oui,  me voilà presque trilingue Français, Italien, Ch’timi).

-    oui, le Français apprécie les spécialités culinaires de son pays. Ainsi, lors d’un voyage organisé à Pompéi par l’association Erasmus de Rome, nous étions 100 étudiants à devoir nous préparer un petit pique-nique dans le supermarché du coin (dont 7 Français). Comme aurait pu écrire l’autre :

      « Nous partîmes à 100

      Et sans aucun renfort,

      Nous nous vîmes que 7

      A acheter une baguette ».

-    oui, le Français a du mal à prononcer les « r » à l’italienne : c’est donc en hommage à tous ceux que nous avons entendu maltraiter le fameux « buongiorno » que nous avons intitulé ce blog. A lire de préférence avec l’accent parigot.

-    oui, le Français a encore du mal avec la finale de la Coupe du Monde 2006. Mais bon, faudrait qu’ils comprennent, aussi, qu’ils ne sont que Champions du Monde des penaltys.

Bisou à tous, des pâtes m’attendent.

Titou

30 novembre 2007

Pour l''infini et au-delà...

Ciao a tutti,

Bon sang c'est pas simple de démarrer un blog... on a un peu l'impression, au moment d'écrire la première phrase du premier post, de devoir rédiger notre épitaphe : comme lui, elle restera pour l'éternité et, comme lui, peu de gens la méditeront. L'atmosphère dans la chambre de Brune ressemble un peu à celle des cinq premières minutes de l'épreuve de philosophie du baccalauréat : le silence règne, seuls quelques regards angoissés se croisent et témoignent d'une activité cérébrale peu habituelle depuis le début de l'année (nous appréhendons déjà les douloureuses courbatures de cerveau de demain matin).

Les premiers jets ne furent pas glorieux : après avoir rapidement écarté les "Madame, Monsieur" et autres courbettes, n'avoir pas osé saluer nos futurs petits-enfants et s'être retenus de vous infliger un "Salut à vous qui avez froid de la part de nous qui avons chaud", nous décidâmes d'afficher clairement l'étendue de nos progrès dans la langue de Dante par un succint, mais non moins amical, "Ciao a tutti", à savoir (Titou vient de refermer le dictionnaire franco-italien) : "Salut à tous".

Bref, nous voilà enfin sur la toile, prêts à dévoiler à l'univers entier nos pérégrinations romaines jusque dans leurs facettes les plus intimes (bonne idée, Brune, de racoller un peu pour faire de l'audimat...).

Brune & Christophe

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